Interview de Paul-Georges Sansonetti sur son dernier livre: Agharti, Shambhala, Thulé… La cité suprême

Interview de Paul-Georges Sansonetti sur son dernier livre: Agharti, Shambhala, Thulé… La cité suprême

INTERVIEW DE PAUL-GEORGES SANSONETTI SUR SON DERNIER LIVRE CO-RÉDIGÉ AVEC LA PERSONNE QUI L’ACCOMPAGNE DANS SA RECHERCHE

Agharti, Shambhala, Thulé… La cité suprême - Nathalie & Paul - Georges Sansonetti - Editions ACE

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ACE : Professeur Sansonetti, depuis combien de temps vous intéressez-vous à l’écriture runique et pourquoi ?

P-G. S. : Très exactement depuis l’âge de vingt-deux ans. J’avais alors découvert le livre du professeur Lucien Musset, Introduction à la Runologie, ouvrage rigoureusement consacré à l’historique de cette écriture. Puis, dans le même trimestre, je prenais connaissance du livre essentiel de l’œuvre de René Guénon, Le Roi du Monde, évoquant les grandes orientations de ce que cet auteur dénomme « la Tradition primordiale », indissociable – précisons-le tout de suite – de notre identité d’Européen (et disons même d’Indo-européen). Les autres ouvrages de Guénon allaient suivre et, parallèlement, j’ajoutais à ma bibliothèque les livres de l’Italien Julius Evola qui introduisait le facteur ethnique dans la Tradition et ceux du Roumain Mircea Eliade dont l’immense érudition montrait, à travers les mythes et symboles de nombreux peuples, la permanence des thèmes fondateurs de sociétés. Thèmes exprimant la nécessité de conférer une « forme » (comprenons une identité) à une civilisation. Et la création artistique en est la manifestation patente : on ne peut comprendre la Grèce dorienne en faisant abstraction de l’architecture justement qualifiée de dorique. Du reste, ainsi que je le disais à mes étudiants, une seule colonne du Parthénon suffit à traduire l’esprit des Hellènes. Esprit exigeant la rigueur, le dépouillement, la justesse pour maîtriser des concepts essentiels quant à l’existence d’un peuple. Nous venons d’évoquer l’architecture et, précisément, dans ce travail que vous me faites l’honneur de publier, les runes font songer à des tracés d’architecture qu’on pourrait aisément transposer dans le bois ou la pierre mais qui doivent d’abord être perçus en tant que construction mentale « édifiant », au double sens de ce terme (« ériger » et « faire comprendre »), ce qu’il faudrait nommer l’identité originelle de l’Européen de souche. Point de hasard si le verbe « déconstruire » intervient si fréquemment dans le discours de ceux qui nient à la culture européenne le droit d’exister. Actuellement, si l’on suit l’idéologie woke, il est question de « déconstruire l’homme blanc ».

Il y a de cela environ une vingtaine d’années, une fumeuse commission euro-bruxelloise s’est efforcée d’interdire, sous un prétexte fallacieux (relevant d’obsessions fantasmatiques), l’étude des runes. Grâce aux Hongrois, qui dénomment « runes » leur ancienne écriture (même si aucune parenté ne s’établit avec les lettres germaniques), ce projet néfaste a pris l’eau. Plus près de nous, en 2019, un certain Morgan Johansson, ministre suédois de la Justice aurait envisagé une interdiction car le fait d’arborer les runes serait contraire au développement de la « Diversité » (lisez : melting pot souhaité). Et, déjà en 2018, les pull-overs, ornés de deux runes, le t (en forme de flèche) et le z (silhouettant un être bras vers le ciel), de l’équipe norvégienne olympique de ski, ont été remisés au vestiaire car « malvenus ».

Il y a donc des gens qui ne supportent pas l’existence de cette écriture. Leur attitude m’apparaît fascinante car trahissant quelque chose d’extrêmement profond et peut-être même d’« abyssal » (aurait dit Jean Parvulesco, auteur de romans à caractère initiatique). Les runes procèdent d’essences archétypales et correspondent toutes à des symboles fondamentaux. Certains individus, viscéralement allergiques aux runes, le sont en réalité à tout ce qui relève de l’identifiable, de l’enraciné, de l’ancestral. Ils ne sont à l’aise que là où s’effacent les appartenances : ahurissante patrie que la leur avec pour sculptures de bizarroïdes assemblages de ferrailles et pour peintures des concours de barbouillages effrénés. Dans un tel monde, la (notion de) forme est à jamais en exil.

ACE : Selon vous à quelle époque remonte l’« invention des runes » ? Car, comme cela ressort de vos travaux, vous semblez penser que cette écriture provient de temps les plus lointains, et dirait-on, d’une civilisation suprahumaine.

P-G. S. : En effet, et c’est probablement la raison selon laquelle ces signes – redoutables pour l’efficience qu’ils comport(ai)ent – furent volontairement occultés durant des millénaires tandis que s’élaboraient d’autres écritures : hiéroglyphique en Égypte, puis protosinaïtique, phénicienne dont devaient découler la plupart des alphabets européens  (celui, grec, de Théra et les italiotes, notamment étrusque et latin)[1]. Les runes refirent surface au commencement de l’ère astrologique des Poissons, il y a 2.000 ans, ce qui, dans le domaine de la Tradition couvre la dernière période du cycle devenu « obscur »[2] avant un irrésistible renouveau destiné à une partie de l’espèce humaine ; celle dont les ancêtres (indo-européens, faut-il le préciser) annoncèrent le triomphe après une phase effroyable qui, dirait-on, correspond à ce que nous vivons actuellement.

            Pour être direct, je pense que si, comme le supposent, en premier René Guénon, suivi de Julius Evola, un « lieu » civilisationnel nommé Thulé (en réalité Tula) a désigné le « Centre suprême » (établi il y a des dizaines de millénaires dans le nord d’une géographie maintenant aussi disparue que la supposée Atlantide) alors les runes en furent l’écriture. Certes, nous ne possédons aucune preuve tangible de cela mais, à partir de certaines données, divers indices vont dans ce sens. Il y a tout d’abord le fait que l’Histoire et l’Archéologie officielles sont incapables d’expliquer la réalisation de constructions phénoménales et que ces édifices nécessitent des connaissances mathématiques, techniques et scientifiques prodigieuses. Cela implique l’existence de « ceux » - mystérieux - qui œuvrèrent à ces monuments nous plongeant dans l’étonnement. De tels êtres ne pouvaient, en effet, qu’appartenir à une Supra-Humanité dotée d’une intelligence qui nous dépasse. On songe immédiatement aux pyramides de Gizeh[3] et, comme le note Jean Richer, il est significatif que les Grecs voyaient dans l’Égypte pharaonique un reflet de l’Hyperborée[4] (synonyme de Thulé). Mais aussi aux incroyables grottes de Barabar, en Inde, montrant un granit poli comme un miroir[5] et une exécution millimétrée qui exigerait des mesures prises avec un laser.

            Le mot rune signifie « mystère », « chose secrète », nécessitant d’être « murmurée ». Donc un savoir auquel, seuls, des « initiés » peuvent accéder. Et, comme explicité dans plusieurs de nos livres[6], runoz (« runes » au pluriel, terme s’appliquant sans doute aussi au « système runique ») a pour « guématrie »[7] 56, selon le rapport existant entre chaque rune et sa place, lui conférant un nombre, dans l’ordre des lettres : r, étant la cinquième (et non la dix-huitième comme pour notre alphabet) ;  u la seconde, n la dixième, o, la vingt-quatrième (et dernière) et z, la quinzième (et non la dernière). Ce qui donne :

 

nombre qui est en rapport avec la perception métaphysique (autant que géographique) du Pôle, donc de Thulé. En vérité, ainsi que nous en donnons des exemples dans une présentation du livre, le système runique se révèle véritablement complexe car chaque rune s’inscrivant dans un ordre numérique, comporte par son graphisme une signification géométrique et symbolique et, par son nom, renvoie à un nombre dont la résonance initiatique se construit  avec des notions internes au runisme et à d’autres traditions (selon le procédé du comparatisme). L’ensemble incite à croire que les runes sont l’émanation – ou les facettes – d’une structure « centrale » intégrant toutes les données établissant un savoir originel à partir duquel l’être a connaissance de lui-même et de l’univers. Ce ne serait guère le cas si les caractères runiques procédaient d’une imitation et adaptation au parler germanique d’écritures « nord étrusque », « rhétique » (alpine) voire latine. 

            Datant de la période dite des Invasions, un certain nombre de pièces archéologiques, reproduites et commentées dans notre ouvrage, apportent les preuves de ce que nous avançons.

ACE : Pourriez-vous, complémentairement à votre livre, nous présenter un exemple montrant que cette écriture semble transcender le temps ou, pour parler plus simplement, répond à certains critères transparaissant jusque dans notre actuelle technicité ?

P-G. S. : Lors d'un épisode d'une série télévisée consacrée au singularités de l'Histoire et de l'Archéologie, l'hypothèse d'une concordance entre les trigrammes du très sage Fo-Hi, personnage légendaire chinois, et l'informatique a été établie. En effet, certains trigrammes sont ouverts en leur milieu et d’autres pas et ce, d’une façon parfaitement symétrique :

 

Les lignes « brisées » sont misent en rapport avec le 0 et les lignes intactes avec le 1 car il s’agit aussi d’un système binaire. Or, dans nos travaux est apparu ce que nous considérons comme une découverte capitale et à laquelle nul n'était arrivé. En effet, les runes se divisent en deux catégories : celles que l’on peut tracer d’un seul tenant, sans relever la plume, du type ,  r, k, w, i,  ï, p, s, b, e, l, ŋ (transcription moderne de la rune *ingwaz), d, o. Et celles nécessitant de relever l’instrument traceur à moins de repasser sur une ligne déjà existante : f, þ (= th), a, g, h, n, j, z, t, m. Le fait d’interrompre le tracé marque une discontinuité, une absence momentanée de ligne ; on pourrait dire un « vide »… Et c’est aussi ce que suggère l’image du 0, un tracé entoure un vide. Dans nos travaux, nous plaçons sous chaque rune un signe simple exprimant la façon de l’écrire : I pour le tracé continu et : pour le discontinu. Le segment I correspondra au 1 et les : au 0 dans le système informatique.

La première octade, ou série de huit runes, se présentera comme suit :

:    I    :    :    I   I    :    I

On notera au passage la disposition symétrique, à partir du centre de l’octade, de : et I. Ce qui, en informatique, correspondra à :

0   1   0   0   1   1   0   1

Arnvald, un excellent ami, scientifique et passionné par la Tradition primordiale et, donc, polaire, s’est livré au calcul des conversions décimales vers le binaire et a obtenu le nombre 77. Pour beaucoup de personnes, ce multiple de 11 ne signifie pas grand-chose. C’est, en fait, le « septénaire[8] multiplié par 11, nombre d’une importance capitale pour l’ésotérisme runique[9].        

              Toujours selon l’une de nos théories concernant le cryptage des runes, ce 77 doit se comprendre comme constituant le « cœur » (ou milieu) du nombre impair - et seul un nombre impair présente cette particularité – 153. Or, 153 intervient dans les calculs des mathématiciens grecs et à la fin de l’Évangile de Jean (chapitre XXI). Pour aller à l’essentiel, disons que l’apôtre Jean, également rédacteur de l’Apocalypse, serait la figure de proue de ce qu’il convient de nommer un « ésotérisme chrétien » porteur des données de la Tradition primordiale. Le fait que ce personnage (réel ou fictif, peu importe, ce qui compte c’est ce qu’il manifeste) nous apparaisse comme établissant la jonction avec un ésotérisme polaire oblige à considérer que le nombre 153 prouve l’existence d’un voie initiatique reconduisant à Thulé. Les Pythagoriciens savaient que si l’on additionne chiffres et nombres de 1 à 17, on obtiendra 153. Et il se trouve que la dix-septième rune,  t, par son nom *tiwaz (identique au celte divio et au latin deus, « dieu ») manifeste le principe divin. Le 153 se rencontre essentiellement dans le cryptage de textes runiques. Ainsi, notre livre montre sa présence codée sur la bractéate de Dannenberg, pièce archéologique véritablement capitale.

              Il en est de même pour les deux autres octades. La seconde se traduira de la façon suivante :

:        :      I     :       I      I      :     I

0      0      1    0      1     1     0     1

Résultat, le nombre 45 qui, selon le double contexte mathématique et germanique nous occupant, s’avère tout aussi important que le 77. En effet, il se trouve que 45 est la somme des neuf (plus le zéro) chiffres : 1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 + 8 + 9, à partir desquels les nombres qu’ils composent n’ont plus de limites. Dans le domaine mythologique, les textes parlent de l’Arbre axial traversant les neuf plans de l’univers, du « dieu » Óðinn « pendu » à cet Arbre neuf nuits pour conquérir « neuf chants suprêmes » (maîtrise des sons, des vibrations, des « ondes »), ou de l’entité polaire Heimdallr né de neuf sœurs, neuf« vagues » (encore des « ondes ») ; sans oublier un anneau d’or duquel émanent huit autres anneaux toutes les neuf nuits[10]…   

              Enfin, n’offrant pas le même équilibre entre runes continues et discontinues, la troisième octade se présente de la sorte :

0    1    1    0    1    1    1    1

Le nombre qui en ressort est le plus important, aussi bien en runologie, comme le montrent nos recherches[11], que dans le symbolisme en général. Il s’agit du fameux 111 (dont le 56 est le cœur), synonyme de Pôle et, conséquemment, du Centre suprême.

              On comprendra que cette constatation a de quoi nous interroger sur l’origine des runes et son rapport à notre science informatique.  Il  est donc question d’un système qui, précisément, énonce, à travers trois nombres le structurant, une constance de données dont la pérennité émerge même dans l’un des instruments les plus omniprésents de notre modernité. Les créateurs d’un tel savoir, aussi subtilement élaboré, car d’une « primordialité » antérieure à l’Histoire de l’Humanité, ne pouvaient qu’appartenir à une espèce à côté de laquelle les individus actuels se voulant « mondialisés » semblent ne pas avoir d’existence. 

 

Agharti, Shambhala, Thulé… La cité suprême - Nathalie & Paul - Georges Sansonetti - Editions ACE
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Notes:

[1]Comme signalé par les runologues Wolfgang Krause et Helmut Arntz, une série de figures symboliques apparue au Néolithique (taureau, cerf, cheval, arbre de vie, soleil, épée, lance, hache, foudre, signe réticulé et d’autres) annonce les runes. Pour nous, il s’agit, d’une part, de l’occultation des runes et, d’autre part, des symboles fondamentaux indispensables à la formation mentale d’une société de souche européenne.

[2] Le Kali Yuga (l’âge dédié à la sombre et destructrice déesse Kali), l’Âge de Fer selon Hésiode ; lequel qualifie le fer de «noirâtre » (vers 151 de son texte Les travaux et les jours).

[3] Parfaitement orientées vers le Pôle, il faut le préciser aux personnes qui l’ignoreraient.

[4] Cf. Son ouvrage intitulé Géographie sacrée du Monde grec, Édition Hachette, Paris, 1967, p. 30.

[5] Voyez les documentaires passionnants de Patrice Pooyard sur ces réalisations incroyables.

[6] Notamment Les Runes et la Tradition primordiale, première édition en 2008 (donc bien avant que de sordides plagiaires ne s’emparent de certaines de nos données sans avoir l’honnêteté de citer leur source). Ouvrage d’abord paru aux Éditions Exèdre (Menton) puis réédité aux Amis de la Culture Européenne en 2020.

[7] Cf. l’étude jointe à la présentation de notre dernier livre.

[8] Chez de multiples peuples, le chiffre 7 évoque le passage de la « terre » (le monde humain) vers le « ciel » (domaine divin). Pour les Vikings ce passage était représenté par les couleurs de l’arc-en-ciel et, en héritage symbolique du passé païen, les jours de la semaine marquent ce septénaire.               

[9] En effet, la valeur totale des noms des vingt-quatre runes est de 1331, le cube de 11 (11 X 11 X 11). Voir la seconde annexe à notre livre La Cité suprême.           

[10] Dans le second texte nous évoquons le 45 en tant que guématrie du nom de la rune n qui est la dixième de cette écriture.

[11] Cf. Les Runes et la Tradition primordiale, op. cit., et La Cathédrale polaire des Runes, Éditions du Lore, 2021.

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